Une journée au Tonlé Sap

Pendant cette semaine très chargée en histoire, en vélo et en vieilles pierres, on avait décidé de faire un jour différent et de partir sur le lac Tonlé Sap. On est passé par un organisme éco-responsable "qui s’engage dans une démarche durable et responsable à faire découvrir la culture et les traditions locales dans le respect de l’environnement".

Dans notre démarche durable et responsable on voulait passer 2 jours sur le lac et dormir chez l'habitant. Mais les prix étaient un peu trop élevés alors on a demandé à se greffer à un groupe, (les prix étant dégressifs), mais on nous a répondu que ce groupe était une famille de Français et qu'ils ne voulaient personne d'autre avec eux (aaaah les ... !) Bref, donc on a dit adieu à la bonne action de 2 jours et on s'est rabattu sur la visite d'une journée. Le programme était très alléchant mais on ne savait pas vraiment à quoi s'attendre.

Matin: Visite du village sur pilotis, petit déjeuner dans une maison du village, balade dans le village, cours de cuisine

Repas suivi d'une sieste en hamac

Après-midi: visite d'un village flottant en bateau et explications de la spécificité de ce lac.

Le guide était venu nous voir à l’hôtel à Siem Reap pour qu'on accorde nos violons ( et pour qu'on le paye) le jeudi soir. On se dit rendez vous dimanche à 7h30.

Dimanche matin on met le réveil à 7h15, on était bien crevé de nos précédentes visites et comme on n'avait pas à déjeuner on s'était dit qu'on avait le temps.

A 7h05 quelqu'un frappe à la porte de la chambre, "Votre guide est là!" AAAAAAAAAhhhh branle bas de combat!!! On s'est levé en catastrophe, on était prêts en 5 minutes! (Je n'ai pas oublié le pchiiit à moustiques! Ouf! )

On descend et on rencontre Mr. Sum, un petit monsieur cambodgien qui parle bien français. On rejoint le guide qui était venu jeudi, il nous attendait dans la voiture (un gros 4x4: ça changeait des tuk-tuk!). Sum nous rappelle le programme de la journée, et nous dit qu'on ne prendra la bateau que l'après midi. Alors on se demande bien comment on va pouvoir aller dans des maisons sur pilotis sans bateau... Il nous dit aussi qu'on va faire une halte dans le village spécialiste des "gâteaux de bambous"

Les présentations faites et quelques explications plus tard, nous faisons notre première halte: le village des gâteaux de bambous.

Le gâteau de bambou est en fait du riz collant, des haricots rouges et du lait de coco cuit dans des tronçons de bambous. Bon mais plutôt bourratif!

Deuxième arrêt: un marché où il y a beaucoup de poissons en provenance du lac
(malheureusement il y avait aussi des étals de viande... gloups).

Les enfants aidaient leurs parents. On a assisté à l'évasion d'un poisson noir, il a sauté de la bassine et il s'en allait! Une fillette n'a pas hésité à le rattraper avec fermeté.

Troisième arrêt: le village sur pilotis.

Dans la voiture, Sum nous a expliqué que puisqu'on était en période sèche, le village était à sec. Pas d'eau du tout du tout! Seulement une petite rivière boueuse à l'arrière des maisons.

On a appris que ce lac était "petit" en période sèche ( 2500 km2) et très grand ( 12 000 km2) en fin de mousson. L'eau monte de 10 mètres chaque année. D'où l'utilisation de pilotis. Quand l'eau monte, les habitants troquent leurs scooters ( remisés dans la maison) contre des barques. Le bétail va paître plus loin dans la vallée où l'eau ne va pas, à l'exception des porcs qui montent d'un cran eux aussi et vivent dans la maison. On était un peu déçu de ne pas voir ça en période humide, mais en fait ça nous a permis de voir à quel point l'eau pouvait monter haut! On a pu se rendre compte de la quantité que cela représentait.

Nous sommes ensuite entré dans une maison pour prendre le petit déjeuner. Une dame très accueillante nous attendait.

Dans cette maison on trouvait toutes les commodités habituelles mais... c'était très différent de ce que nous connaissons.

Cuisine avec rangements (Ikea n'a rien inventé).

Il n'y avait pas l'eau courante, pas de tout à l'égout, l’électricité est très capricieuse et il peut y avoir des coupures de plusieurs jours ( nous n'en avions pas pendant notre visite). La petite dame devait aller chercher l'eau de la rivière pour se laver dans une bassine, pour tirer la chasse d'eau, pour laver les aliments. Elle faisait la cuisine au feu de bois et bien évidemment n'avait pas de clim...

On a pris le petit déjeuner: un thé, un croissant ( le meilleur que j'ai mangé depuis notre départ de France!) une tranche de gâteau à la banane, des bananes et du gâteau de bambou. Miam!!!!

Après ce petit gros déjeuner le guide nous a demandé si on souhaitait voir le village avant notre leçon de cuisine.

On est donc parti voir la pagode et l'école qui sont construites en dur et donc un peu plus en hauteur que les autres maisons. Pendant les périodes humides elles sont sur une île. L'école était vide c'était dimanche, mais on a vu plein d'enfants tout autour, et même qui jouaient dans la cour. Les enfants ne vont à l'école qu'une demi journée par jour, matin ou après midi. En effet il a y a tellement d'enfants pour une si petite école, ils ne peuvent pas y être tous ensemble! ( La maîtresse par contre y reste toute la journée...)

De retour chez notre hôte, nous nous sommes préparé pour cuisiner: on s'est lavé les mains dans une bassine d'eau marron...

Notre mission: cuisiner 3 plats:

• une soupe aux poissons
• du poisson sauté au gingembre
• du porc sauté aux légumes

Le tout, bien évidemment, accompagné de riz ( presque tous les plats que nous avons mangé au Cambodge étaient accompagnés de riz, ils en mangent bien plus qu'au Vietnam.)

On a commencé par couper les ingrédients ( j'ai touché de la viande crue, sans trop râler, j'ai pensé que faire la difficile serait mal venu ici...). On a haché menu de l'ail, du gingembre, des carottes, des tomates, des oignons et de la viande :-/. Le guide nous a trouvé tellement bons qu'il nous a pris en photo et on décore dorénavant leurs comptes facebook et tripadvisor! http://www.tripadvisor.fr/Attraction_Review-g297390-d3746999-Reviews-Buffalo_Trails_Private_Day_Tours-Siem_Reap_Siem_Reap_Province.html#photos

Fallait rien laisser tomber parce que sinon ça tombait de 15 mètres!

Ensuite on est passé dans la cuisine. Alors déjà on avait très chaud, mais c'était rien jusqu'à ce qu'on fasse sauter les légumes dans un wok sur une cuisinière à bois. La dame me donnait toujours la cuillère, jamais à Jérémy, ça doit être une coutume machiste ancienne: les femmes font la cuisine. J'avais envie de lui dire que chez nous, les plus grands cuisiniers sont le plus souvent des hommes!! Je suais à GROSSES gouttes. Il fallait rester accroupis dans une chaleur infernale ( au premier sens du terme). Ça sentait très bon et la chef nous faisait gouter régulièrement. On touillait et elle a tout géré: les doses, les épices ( épices Knorr!!) et le temps de cuisson.

J'ai fini par donner la cuillère à Jérémy, qui a eu le droit au tabouret!

Puis ce fut le moment de manger notre repas. Tout était délicieux! Le poisson et la viande était très bien cuits, les légumes avaient beaucoup de goût et étaient croquants, sauf dans la soupe: fondants à souhait. Bref c'était une réussite! Pouce en l'air pour notre premier repas cambodgien! Bon, sans la petite dame on n'aurait pas fait grand chose! Pouce en l'air pour elle aussi! Malgré des problèmes de traduction on a réussi à se comprendre.

អញ្ជើញ​ពិសាឲ្យ​បាន​ឆ្ងាញ់ (bon appétit!!)

Après manger on a fait une sieste dans les hamacs sur la terrasse de la maison. Il faisait extrêmement chaud à ce moment et on n'entendait plus un bruit à l’extérieur. Tout le monde se terrait chez soi.

AAaaaaah!!!!

Après cette sieste, courte mais salvatrice, on a repris la voiture pour aller à l'embarcadère. On a pris un gros bateau à moteur ( qui tractait une petite barque avec une dame à l'intérieur...(?))

Pendant un bon moment on a suivi la rivière où nous croisions les pécheurs à pieds dans l'eau. En effet la pèche est ouverte en période sèche pour permettre aux poissons de se reproduire pendant la période humide alors que le lac est rempli. On a aussi pu voir des champs de part et d'autre de la rivière: quand l'eau est basse, les terres sont cultivées. Les champs n'ont pas besoins d'être arrosés, il suffit de bien labourer la terre. Ces champs éloignés des villages entrainent des constructions temporaires: les paysans se construisent des maisons, des restaurants, des abris pour la période sèche, ils les démontent dès que l'eau monte.

Depuis notre bateau on peut voir les maisons sur pilotis.

Et puis nous arrivons sur le lac! De l'eau à perte de vue! L'eau est beaucoup plus claire que dans la rivière. Le guide nous dit qu'il n'y a même pas un mètre de profondeur, c'était difficile à croire!

Au loin on voit des maisons qui flottent. Mr Sum nous explique qu'il y a 2 sortes de maisons flottantes: celles qui sont construites sur un bateau et celles qui ont des flotteurs ( bidons, barils, pneus...)

Maison sur bidons

Maison sur bateau

On a alors pris la barque avec la petite dame, elle nous a guidé à travers ce village flottant. On trouve de tout dans ce village: des commerces, des habitations et une école! Le guide nous a dit que les familles pouvaient décider de quitter le village ou alors que des nouvelles maisons pouvaient arriver tous les jours. Pratique quand on n'aime pas ses voisins ou qu'on veut changer de vue! C'était incroyable de voir dans quelles conditions ces gens vivent! Leurs soucis quotidiens ne doivent pas être les mêmes que les nôtres... Dès que les enfants savent marcher, il faut leur apprendre à nager, puis à ramer alors les parents peuvent arrêter de les surveiller constamment...

Avec le chien qui monte la garde!!

De retour sur le bateau le guide nous a fait un exposé sur les particularités de ce lac. C'est vrai que ce phénomène est étrange: pendant la période sèche l'eau se déverse dans le Mékong ( fleuve immense qui va du Tibet jusqu'au Vietnam) mais quand vient la période des pluies + fonte des neiges, le Mékong est tellement gros qu'il se déverse à son tour dans le lac. Il y a deux courants! Mr Sum nous a ensuite expliqué que cet endroit était très riche

• en faune: ( grande variété de poissons, (dont des poissons noirs qui peuvent vivre hors de l'eau pendant un petit moment, et qui marchent!!!! (ben oui, avec toutes ces histoires d'eau qui monte, qui baisse!) des crustacés, des serpents aquatiques, (que les Cambodgiens mangent) des oiseaux: échassiers, rapaces, martins pêcheurs)
• en flore: la forêt inondée: les arbres, les buissons peuvent vivre submergés pendant plusieurs mois et retrouver leur cycle normal une fois l'eau partie.

Il a bien insisté sur la différence de taille et de volume entre les deux périodes: le lac voit sa taille multipliée par 6 en saison humide! ( rien à voir avec Serre Ponçon...) et il a rappelé l'importance de ce lac et de ses ressources pour la population: il fournit plus de 75% du volume annuel de pèche en eau douce.

Puis il a fallu rentrer. Notre bateau nous a ramenés à l'embarcadère où nous avons repris la voiture. Notre chauffeur nous a reconduit jusqu'à notre hôtel.

Nous avons passé une très bonne journée, en compagnie de gens très gentils, très accueillants et très heureux de nous faire partager une journée de leur vie, très différente de la notre.

Le lendemain était le jour de notre départ, mais nous avions Angkor encore toute la journée devant nous. Nous avons pris le petit déjeuner ( toujours le même depuis une semaine) et on a check out. Pour aller au centre ville il faut longer une route incroyable: surchargée de scooters, de tuk-tuk, de 4x4, de camions, les bords de la route sont jonchés de détritus, de travaux qui soulèvent la terre rouge très fine... Bref, c'est pas très agréable, on avait testé lors de notre jour de "repos" entre les temples... On s'est donc dit qu'il était préférable d'y aller en tuk-tuk..

Une fois au centre ville, on a bu un café dans un... café! On aurait pu se croire à Paris: guéridon en terrasse, décors français. On était face au marché, c'était très agréable.

Décors français, pas toujours de très bon goût...

Pour le midi, nous sommes allés manger à l'école hôtelière de Sala Baï. On a marché un bon moment en ville, avec nos bagages, sous un soleil de plomb. On est arrivés dégoulinants et affamés! Sala Baï est donc une école qui forme des étudiants aux métiers de la restauration. On a été très bien accueillis et on a très bien mangé. Manger là bas permet de payer une journée de formation à un élève. Il y avait aussi des étudiants en journalisme français, on a donc été filmé en mangeant.

Après ce succulent repas, je suis allée me faire faire un massage des pieds ( pas des orteils!) et c'était super bien! Jusqu'à ce qu'il y ait une coupure d'électricité géante dans toute la ville et par conséquent: plus de ventilation! Sinon c'était super! Jérémy a fait un petit tour du marché car il ne voulait pas de massage.

Je me suis endormie!! ZZzzz

Puis ce fut l'heure... Nous avons pris un tuk-tuk direction l'aéroport. Voilà, le Cambodge c'est fini! On a passé une super semaine! Ça nous a changé d'Ho Chi Minh et permis de découvrir autre chose.

Le vol s'est bien passé, heureusement c'était très court. A l'arrivée à HCMC on a pris un taxi qui nous a quasiment obligé à lui donner un pourboire du montant de la course, sous prétexte de nouvel an!! Les chauffeurs de tuk-tuk et leur manie de négocier tout le temps nous manquent déjà!!